2012 ASEN Scholarship

ASEN is pleased to invite applications to the 2012 ASEN Scholarship worth £1000.

The application is open to ASEN members currently enrolled in doctoral research at universities in the UK and Ireland and working in the fields of ethnicity and/or nationalism. Applications will be reviewed by a panel and the result will be announced in early July 2012.

Please e-mail the following information to asen@lse.ac.uk along with a cover letter, by 15 May 2012:

  • Your ASEN Membership Number;
  • A copy of your CV;
  • A 1000-word research proposal;
  • A 500-word statement explaining how the scholarship would contribute to your programme of research*;
  • A reference letter from your supervisor.

*Some examples may be: language tuition; conference costs; fiieldwork funds; acquisition of research materials. Proof of expenditure will be required in all cases.

ASEN: The Association for the Study of Ethnicity and Nationalism
London School of Economics
Houghton Street,
London, WC2A 2AE
United Kingdom
T:     +44 (0)20 7955 6801
F:     +44 (0)20 7955 6218
E:     asen@lse.ac.uk <mailto:asen@lse.ac.uk>
W:    http://www.lse.ac.uk/ASEN/ <http://www.lse.ac.uk/ASEN/&gt;

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Catalogne, le mirage de l’indépendance?, par Stéphane Pelletier

 

ImatgeDans le tumulte de la crise économique et sociale qui frappe l’Espagne depuis 2008, et alors que le pays vivait dans les préparatifs de la grève générale du 29 mars, la nouvelle est passée quasi inaperçue dans les médias espagnols. Artur Mas, le fringant président à la tête de la generalitat (le gouvernement autonome de Catalogne) depuis décembre 2010, a déclaré faire de l’indépendance de sa région un objectif politique. A l’occasion de son 16e congrès, Convergence démocratique de Catalogne (CDC), la formation politique dont Artur Mas est le leader, a décidé de lutter pour la création de son propre Etat, affirmant sans ambages sa vocation indépendantiste.

Il est vrai qu’il flotte dans l’air de cette communauté autonome parmi les plus riches d’Espagne – et qui assure 20 % du PIB national – un parfum d’indépendance de plus en plus entêtant. CDC vient de franchir un cap et ce changement de stratégie politique d’une formation jusqu’ici plutôt modérée ne peut se comprendre qu’à la lumière des soubresauts et revirements divers liés à l’approbation du nouveau statut d’autonomie voté en 2005 par le parlement catalan (ratifié par 75 % des électeurs catalans lors d’un référendum) et en 2006 par la Chambre des députés espagnole. Le Parti populaire, alors dans l’opposition, avait déposé plusieurs recours d’inconstitutionnalité contre ce texte auprès du Tribunal constitutionnel qui l’avait finalement raboté, en refusant le concept de nation catalane.

En réaction à l’amputation de leur statut, plus d’un million de Catalans avaient manifesté à Barcelone en juillet 2010 aux cris de «Vive la Catalogne libre», voire en proférant des slogans anti-Espagnols tels que «L’Espagne, dehors !». Que le sentiment indépendantiste gagne du terrain ne fait aucun doute, on peut même parler d’un virage de la société catalane. Tous les sondages et enquêtes d’opinion vont dans ce sens : sur les 7,5 millions d’habitants de cette région, entre 30 et 50 % déclarent souhaiter ardemment que la Catalogne devienne un Etat de droit indépendant au sein de l’Union européenne.

Le modèle d’une Catalogne arc-boutée contre l’Espagne est entré en crise depuis plus d’une décennie et les liens avec Madrid ne cessent de se distendre. La question qui ne manque pas de se poser est : jusqu’où ira cette distension ? Depuis le début de la crise, nombre de Catalans sont devenus indépendantistes pour des raisons économiques car ils souhaitent bénéficier d’une réelle autonomie fiscale à l’instar du Pays basque, seule autonomie à collecter directement ses impôts.

L’affirmation du «fait différentiel» au plan culturel (la Catalogne n’est pas l’Espagne, sa langue, son histoire et sa culture ne sont pas les mêmes, etc.) ne date pas d’hier mais le fait nouveau c’est que les secteurs modérés du catalanisme politique assument désormais ouvertement leurs intentions indépendantistes en les articulant à une critique acerbe de la redistribution interrégionale des richesses dans le pays. Les Catalans payeraient trop et l’Espagne, cette marâtre, ne leur reverserait que trop peu en contrepartie. La logique nationaliste, et indépendantiste a fortiori, conduit à récuser la logique de l’égalité des régimes d’autonomie.

C’est bien parce que le sentiment d’une saignée pratiquée par Madrid sur son économie progresse parmi la population catalane que le discours indépendantiste peut s’affirmer au sein de certains partis politiques nationalistes. La récupération politique de l’indépendantisme par une partie du centre droit au pouvoir en Catalogne (grâce à une série de pactes conclus avec le Parti populaire) prend en compte une réalité tangible, le rêve que caressent plusieurs centaines de milliers, voire plusieurs millions de Catalans, d’une nation indépendante. Comparaison n’est pas raison mais on pense aux tensions qui existent en Belgique entre Flamands et Wallons ou à la tentation indépendantiste qui traverse l’Ecosse. Toutefois, l’horizon d’une Catalogne indépendante semble lointain et Artur Mas et consorts entretiennent une ambiguïté toute politique en ne prenant aucune mesure concrète qui consisterait à fixer un calendrier pour organiser l’autodétermination. Autonomiste le jour, indépendantiste la nuit en quelque sorte. Mais la politique ne se vit-elle pas autant dans le rêve que dans le réel ?

Enfin et surtout, l’urgence pour la Catalogne repose sur la réduction de son important déficit et la sévère politique d’austérité menée par la generalitat d’Artur Mas occupe davantage les esprits des Catalans qu’une hypothétique indépendance. En cela, la Catalogne ne diffère guère des seize autres communautés autonomes d’Espagne et son sort reste encore lié à celle-ci.

* Stéphane Pelletie. Hispaniste à l’Université Paris-Est-Créteil (Upec). Publicat originàriament a Libération, 05/04/12.